Le décor est constitué par la rade de Mers el-Kébir, située juste à l'ouest d'Oran dans une position stratégique remarquable à l'ouvert de l' entonnoir de sortie de la Méditerranée ; Toulon est fort éloigné (1 000 kilomètres), et l'Italie ennemie, hormis la Sardaigne, encore plus. Mais ce n'est qu'en 1935 qu'ont commencé les travaux nécessaires à l'obtention d'un plan d'eau abrité suffisamment vaste ; en 1940, seul le premier tronçon de la jetée, au pied du vieux fort, permet l'amarrage en pointe (l'arrière relié à la jetée, l'avant tenu sur une ou deux ancres) de quelques bâtiments.

C'est ainsi que sont amarrés, très proches l'un de l'autre (120 mètres en moyenne), les quatre grands bâtiments de l'escadre commandée par le vice-amiral Marcel Gensoul, à savoir les deux cuirassés modernes (1937-38) Dunkerque ( en bas ) et Strasbourg, rapides, portant chacun huit canons de 330 mm, fort appréciés des Britanniques pour la chasse aux fameux cuirassés de poche allemands ; les deux cuirassés anciens (1915-16) Provence et Bretagne, modernisés mais toujours lents, armés chacun de dix canons de 340 mm.
L'escadre est complétée par six contre­torpilleurs (canons de 138 mm et tubes lance-torpilles) : Mogador, Volta, Terrible, Kersaint, Tigre et Lynx.
Outre l'escadre Gensoul, se trouvent à Mers el-Kébir le Commandant-Teste, transport d'hydravions de médiocre valeur militaire, et divers petits bâtiments auxiliaires. Enfin, le port voisin d'Oran abrite dix torpilleurs, six avisos, six sous-marins...
L'armistice étant en vigueur depuis huit jours, les bâtiments ne sont nullement en état d'alerte, mais au contraire tous feux éteints ; les réservistes originaires d'Afrique du Nord sont en cours de démobilisation, et on prépare la même opération pour ceux de la métropole ; quant aux esprits, ils sont déjà largement démobilisés.